Lettre ouverte

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LETTRE OUVERTE A :

Monsieur Antonio Tajani, Président du Parlement européen,

Mesdames et Messieurs les Spitzenkandidaten et députés européens,

Monsieur Donald Tusk, Président du Conseil européen,

Mesdames et Messieurs les membres du Conseil européen,

Monsieur Jean-Claude Juncker, Président de la Commission,

Mesdames et Messieurs les Commissaires européens,

Cette lettre ouverte aux Institutions européennes a été décidée dans le cadre du travail que plus de huit cents jeunes ont mené d’une part autour de l’euroscepticisme entre mars 2017 et mars 2019 et d’autre part de sensibiliser les jeunes suivant un parcours de formation et d’insertion sociale et professionnelle à participer au débat européen et les inviter à aller voter aux prochaines élections européennes de ma 2019. Grâce au programme Europe for Citizens de la Commission européenne et aux deux projets « EU.COOL » et « Vote4Europe? » ces jeunes âgés de 16 à 35 ans se sont réunis à Bruxelles, à Athènes, à Bucarest, à Monza, à Liège à Barcelone, à Cluj- Napoca, à Ajaccio et à Poznan. Ils ont débattu, ils ont échangé des idées, partagé des sentiments, des perceptions, parfois des expériences à propos de l’Europe. Ces jeunes ne fréquentent pas les hautes écoles ni les universités. Ils sont inscrits dans des programmes de qualification ou d’insertion socio-professionnelle. Ils apprennent un métier, ils se préparent à entrer dans la vie active. Pour la plupart, ils sont citoyens de l’Europe, issus de quartiers populaires, de banlieues, de territoires pas toujours faciles où beaucoup ont « galéré ».

D’autres rêvent de devenir citoyens européens. Ceux-là vivent dans des centres d’accueil ou d’hébergement. Ils viennent de Syrie ou d’Irak, d’Afghanistan ou d’Afrique du Nord… Ils ont parfois traversé la Méditerranée sur un dinghy ou une bonne partie de l’Europe, à pied, avant d’être accueillis en Italie, en Grèce, en Bulgarie, en Belgique ou ailleurs. Parfois de manière humaine et correcte. Trop souvent avec un souci médiocre de l’hospitalité et un déni d’humanité inconcevables sur notre continent.

Lors des séminaires auxquels ils ont participé, il leur a été demandé de s’exprimer sur cette Europe, sur les opportunités qu’elle leur offre mais aussi sur ses défaillances. Ils se sont questionnés sur le rejet de l’Europe par certains, sur ce qu’on appelle l’euroscepticisme. Ils s’inquiètent au sujet de la recrudescence des nationalismes et du racisme, du retour des idées haineuses… Ils se préoccupent pour leur emploi, la qualité de la formation, comment ils vivront demain, eux et leur famille. Ils s’inquiètent aussi de leur sécurité, de l’alimentation, de leur santé. Ils se soucient du dérèglement climatique, des pollutions, de la surpopulation… Mais ils croient fermement que l’Europe est et doit être une réponse à leurs angoisses. Voici ce qu’ils souhaitent vous dire :

Nous attendons que l’Europe se réveille et qu’elle s’attache à ce qui est le plus important pour nous aujourd’hui et demain : une vie meilleure, du travail, de la sécurité, de l’équité, de la justice. Nous attendons de l’Europe qu’elle reconnaisse la valeur de sa jeunesse, qu’elle l’écoute et qu’elle en prenne soin ; qu’elle veille plus à l’intérêt des vraies gens qu’à celui des entreprises, des banques et des marchands.

Nous voulons que l’Europe rende du sens au travail, c’est-à-dire à celui qui sert à quelque chose et pas seulement celui qui enrichit. Nous voulons exister aux yeux du politique et singulièrement celui qui fait l’Europe.

C’est nous qui, depuis quelques mois, défilons dans les rues pour exiger que vous fassiez votre travail pour sauver la planète. C’est nous qui serons là demain et qui devrons vivre avec les résultats de votre indécision, les réparer si nous le pouvons encore… Nous avons du mal à comprendre que vous ne compreniez pas, ou que vous fassiez semblant de ne pas comprendre. Quand nous essayons de vous parler, vous ne nous entendez pas ou alors vous nous snobez, souvent avec suffisance parfois même avec l’arrogance de ceux qui croient savoir mais qui savent peu. Vous trouvez que ces paroles sont dures ? Et bien tant pis. Elles ne sont que le résultat de notre déception qui risque bien de se transformer en colère et en amertume si vous continuez à ignorer notre voix, nos volontés de changement. Sachez-le, nous avons des exigences ! Nous sommes jeunes mais nous savons ce que nous voulons et surtout nous savons ce que nous ne voulons plus : votre indifférence. Elle nous blesse et elle nous irrite. Continuez comme ça, et nous finirons par nous détourner de vous. Est-ce cela que vous voulez ?

Nous avons beaucoup parlé d’Europe. Lors de nos séminaires « EU.COOL et Vote4Europe ? » bien sûr, mais aussi après, entre nous, avec nos proches… Nous savons ce qu’elle nous apporte, nous comprenons que nous avons besoin d’elle. Mais nous savons aussi qu’elle meurt de conformisme, de soumission, de complaisance et de mollesse.

Si l’euroscepticisme se manifeste à ce point depuis quelques années, peut-être l’Europe telle qu’elle est, l’Europe telle qu’elle est devenue n’y est-elle pas pour rien ? Nous n’avons plus de temps pour le regretter, nous n’avons pas envie de nous plaindre, nous réclamons ce qui est juste et nécessaire ! Nous voulons de l’action, des faits, du changement. Tout de suite. Et ne nous dites pas qu’il s’agit de slogans et que c’est facile de réclamer, d’exiger et de revendiquer ! Nous ne vous avons pas forcés à être là où vous êtes. Ce sont vos ambitions, à vous, qui vous y ont menés. Alors, assumez vos choix et vos ambitions. C’est à vous d’agir…

 Nous vous prions de croire, Mesdames et Messieurs, à notre considération très attentive et très exigeante.

 Pour le projet «EU COOL »

Daniel Thérasse 

Secrétaire Général ACFI-FIAS 

Pour le projet «Vote4Europe? »

Eric Degimbe

Directeur  CEC

 

 

 

 

 

     
     
     
     
 

 

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